Full text: Contes choisis D'Andersen précédés d'un fragment du Conte de ma vie par le même, et d'une notice du traducteur

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LE CONTE DE MA VIE. 
vu quelque fantôme! dit une des femmes, et je le 
crus presque moi mème. 
Ma mère se remaria à un jeune ouvrier; mais 
sa famille trouvant qu’il avait fait un mauvais parti 
ne voulut recevoir ni ma mère ni moi. Mon beau 
père était d’humeur façile et douce et ne se mélait 
nullement de mon éducation, je pus donc continuer 
à mon aise à m'occuper de mes poupées, de mon 
théâtre, et mon plus grand plaisir consistait toujours 
à rassembler des chiffons de toutes couleurs et à en 
faire des habits pour mes marionettes, ce que ma 
mère voyait de bon ocil comme une excellente pré- 
paration au métier de tailleur pour lequel elle me 
croyait fermement appelé. J’assurais néanmoins que 
je voulais me vouer au théâtre et devenir acteur, 
ma mère s’opposait vivement à ce désir; elle ne 
connaissait du théâtre que la troupe ambulante et les 
danseurs de corde, et trouvait la vocation de tailleur 
infiniment plus noble ; donc ‘c’était tailleur qu’elle vou- 
lait me voir devenir! — la seule chose qui me con- 
solait dans cette‘'décision ‘était l’idée d’avoir alôrs des 
chiffons tarit et‘ plus*à ma disposition. Cépendant 
ma passion pour la lecturé, la quantité de scènes 
dramatiques‘ que je savais par coeur, ma voix remar- 
quablement belle, tout cela éveilla l’attention de plu- 
sieurs des prefmières familles d’Odense. Elles me 
firent appeler: mon individualité singulière leur ins- 
pira de l’interet; ce fut particulièrement le colonel 
Hoegh Guldberg qui m’en témoigna ainsi que sa fa-
	        
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