30 CIRISTINE DE SUÈDE ET LE CONCLAVE DE CLÉMENT X
due Alphonse IV de Modène. Fait cardinal à l'âge de vingt-
trois ans en 1641, à la demande de l'Autriche, 1l avait bientôt
transféré ses sympathies du côté de la France. Après le con-
clave de 1644, Mazarin enleva au cardinal Antoine Barberino
la charge de protecteur de France pour n’avoir pas a350R
vigoureusement combattu l'élection d'Innocent À. D'Este
demanda alors et obtint à sa place la protection, c'est-à-dire
le privilège, très lucratif, de solliciter en consistoire les bulles
des évêchés et abbayes situées dans le royaume. Sa vénalité
s'exercait en petit comme en orand, et ce cardinal, dont on
disait qu'il n’avait d’ecclésiastique que le nom, avait bientôt
accumulé une très grosse fortune. Il touchait de la France
une pension de 36,000 livres et les revenus de plusieurs
abbayes. À ce prix on aurait été en droit d'attendre de lui
d'importants services, mais d’Este avait plus de prétentions
que de capacité, et 1 n’était ni aimé ni estimé à Rome. Ennemi
personnel des Chigi, il s'était brouillé aussi avec Azzolino,
qu’il avait même une fois cruellement insulté. Tout ceci le
rendait peu propre à jouer le premier rôle dans les négocia-
tions du conclave, et le cabinet francais avait cru bien faire
en donnant plus tard « le secret » aussi à Retz, ce qui cepen-
dant n’enlevait pas à d’Este le titre de chef de faction.
Le cardinal Antoine, neveu d’Urbain VIII et frère du car-
dinal Francois Barberino, devait, comme on sait, beaucoup à
la France. Protégé par Mazarin contre les persécutions d'In-
nocent X, il était devenu grand aumônier de France et
archevêque de Reims, et il avait été pendant quelque temps,
sous le pontificat d'Alexandre VII, chargé des affaires de
France à Rome. Il portait le titre de camerlingue, qui lui
avait êté conféré par son oncle, mais comme les constitutions
de l’Église ne permettaient pas de cumuler les fonctions de
camerlingue avec la possession d’un évéché étranger, Clé-
ment IX avait nommé son neveu le cardinal Charles Barberino
vice-camerlingue avec le droit d’exercer seul cette charge, en
la présence comme en l'absence du cardinal Antoine. C'était
donc le cardinal Charles qui faisait fonction de camerlingue
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