Full text: Christine de Suède et la conclave de Clément X (1669-1670)

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BRANCACCIO ET LES ESPAGNOLS 195 
Christine, malgré sa bonne volonté, n'eut pas le temps de 
faire autre chose pour Mgr Brancaccio que de lui donner 
quelques bons conseils, car les événements marchèrent plus 
vite qu’on ne l'aurait cru. Les premiers jours, tout parut aller 
à souhait. Astorga recut le prélat avec grande amabilité et 
de manière à lui donner les meilleures espérances (1). Il 
croyait évidemment que l'affaire avait déjà été étouffée par 
les déclarations de Médicis, et qu'il n'aurait plus à se pro- 
noncer sérieusement là-dessus. Dans ce cas quelques paroles 
plus ou moins flatteuses lui semblaient probablement de peu 
d’importance. Mais il s’aperçut bientôt que la candidature de 
Brancaccio prenait corps et qu’une attitude décisive serait 
nécessaire. Chigi et Médicis avaient eu de nouvelles confé- 
rences avec Barberino, Rospigliosi et Azzolino pour trouver 
une issue (2). Comme à l'ordinaire on n'avait pu s'entendre 
sur aucun nom, mais Barberino avait chaudement plaidé la 
cause de Brancaccio. Il se portait garant de la loyauté et de la 
fidélité de son ami, s’offrant même à s'embarquer avec ses 
neveux pour l'Espagne sur des felouques, comme otages de 
Brancaccio (3). Médicis ne le découragea pas ouvertement, 
et Barberino commenca de suite les pratiques d'usage pour 
Brancaccio, comptant sur l'appui de la Triple ligue et des 
Français, qui déclaraient que Brancaccio était tout ce qu'ils 
souhaitaient (4), et au moins sur la neutralité d'Astorga. Les 
péres jésuites Oliva et Gonzales, intimes de l'ambassadeur, 
s'étaient maintes fois prononcés en faveur de Brancaccio, ce 
qui semblait un bon présage. Plusieurs des cardinaux de la 
(1) Christine à Azzolino, 7 avril; Azzolino à Vidoni, 9 avril; Grimani au doge, 
12 avril ; Chaulnes au roi, 15 avril. — Chaulnes affirme même qu’Astorga « traita 
les parents du cardinal Brancaccio avec les honnêtetés les plus grandes du monde, 
jusqu’à leur dire qu’il n’y avait nulle exclusion en Espagne contre leur oncle, et 
que dans les occasions l’on verrait l’estime que la reine d'Espagne en faisait. » 
Le témoignage de Chaulnes est cependant sujet à caution lorsau’il s'agit d'As- 
torga. 
(2) Vidoni à Azzolino, 9 avril. — Azzolino à Vidoni, 9 avril. 
(3) Médicis à Astorga, 8 avril; Perrnuccerni, III, 250. 
(+) Chaulnes au roi, 15 avril. — Selon Chaulnes, Médicis aurait même promis 
d'appuyer Brancaccio auprès d’Astorga. Je préfère ne pas acenser Médicis d’une 
‘usseté sur le seul témoignage de Chaulnes,
	        
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