Full text: Christine de Suède et la conclave de Clément X (1669-1670)

19% CHRISTINE DE SUÈDE ET LE CONCLAVE DE CLÉMENT X 
auprès de Porto Carrero que Christine devait tâcher de servir 
les intérêts de son nouveal protégé. Le cardinal espagnol, 
qui avait au commencement de janvier reçu l'ordre de partir 
sans retard pour le conclave (1), avait quitte Madrid le 
29 février (2), et comme ‘1 avait choisi la voie de terre, il 
stait encore dans le nord de l'Italie, mais on pouvait enfin 
prévoir son arrivée dans peu de temps. On appelait cela, dans 
l'Espagne de 1670, voyager sans retard. 
La reine se mit immédiatement en demeure d'exécuter les 
ordres de son ami. Elle était persuadée que Vidoni était 
« perdu sans ressources (3) » et que « même quand Porto 
Carrero voudrait faire ce miracle de le ressusciter, qu'il le 
tenterait inutilement ». Elle recut donc Mer Brancaccio et 
l’assura de sa disposition à lui être utile. 
Mer Brancaccio avoua à Christine qu'il comptait surtout 
sur l’arrivée de Porto Carrero. Il croyait savoir que les rela- 
tions du cardinal et de l’ambassadeur seraient des plus 
froides, qu’on n'avait à Madrid aucune objection contre son 
oncle (4), et que « Porto Carrero portait les ordres exprès de 
renverser tout ce qu'’avait fait l’ambassadeur ». Il voulait 
cependant ménager toutes les susceptibilités d'Astorga, et 
avait pour cela renoncé à aller à Viterbe à la rencontre de 
Porto Carrero, comme 1l avait d’abord pensé de faire. Médicis 
était celui qu’il craignait le plus, parce qu'il avait une fois à 
Florence, pour un motif quelconque, fait arrêter et donner 
des coups de bâton à un estafier de Mgr Brancaccio. Il pour- 
rait donc avoir raison de craindre quelque vengeance, si le 
maître de l’estafier devenait cardinal-patron. S1 Azzolino et 
l'Escadron voulaient à présent assister son oncle, celui-ci 
leur montrerait certainement sa reconnaissance. 
(1) « Con toda brevedad… sin dilacion alguna. » La reine-régente à Astorga. 
16 janvier. ° 
(2) Azzolino à Vidoni, 4 avril. 
(3) Christine à Azzolino, 30 mars. 
(+) Le cardinal Brancaccio avait recu de Madrid une lettre du père Nithard, 
confesseur de la reine-régente, lui disant qu'on avait parlé de lui au conseil 
d’Etat et décidé de ne pas lui donner l’exclusion. — Vidoni à Azzolino. 14 avril. 
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