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L’ARRIVÉE DES FRANÇAIS 
rien à personne, qui ne demandaient ni évêchés, ni abbayes, 
ni pensions; leur seul but était la gloire et l'honneur. La mon- 
naie avec laquelle on pouvait les payer était la confiance et l'es- 
time. C'était le parti triomphant et qui triompherait toujours. 
Il fallait agir avec eux et agir sur-le-champ. Les exclusions 
staient faites, à l'inclusion maintenant! 
Malgré toutes ces exhortations à la franchise et à l'action, 
la reine ne voulait pas encore avouer que Vidoni füt son pape 
et celui de l’Escadron. La tactique de dissimulation lui parais- 
sait toujours la meilleure, et elle laissait tomber de vagues allu- 
sions aux préférences de ses amis. Ils voudraient peut-être cher- 
cher le pape dans la faction Rospigliosi. Elle inquiéta si bien 
Zetina qu’il revint le jour suivant lui demander à son tour ce 
qu’il fallait penser d’un bruit parvenu du conclave à l'ambassa- 
deur d’Espagne que l’Escadron travaillait pour Nerli et Bona (1). 
Or, de ceux-là, disait Zetina, l’ambassadeur n’en voulait pas 
entendre parler. L'un était vieux et impotent, l’autre « sortait 
du réfectoire et de la vie spéculative » . Dans ce moment il 
fallait un pape qui sût défendre l’Église et le monde contre 
l’insolence de la France et la puissance du Turc. Bona surtout 
était dangereux. Il était Francais de race et de cœur, rendrait 
Castro et Comacchio et remplirait Rome de ses neveux fran- 
"ais. Mieux valait leur déclarer une exclusion ouverte. 
La reine crut le moment venu de jeter le masque. 
« Au nom de Dieu, fit-elle, gardez-vous-en bien ! Ne voyez- 
vous donc pas que l’Escadron est prêt à vous servir pour l'élec- 
tion de Vidoni? Mais il y a une difficulté. On dit que Chig1 
veut sortir de ses créatures. 
— Quand les Espagnols et l’Escadron se seront réunis pour 
Vidoni, répondit Zetina, Chigi devra venir à lui, par force ou 
par amour. Écrivez hardiment à Azzolino qu'il se trompe, s'il 
croit que Chigi préférera un étranger à une de ses créatures. 
— C’est bien, reprit Christine. Si vos sentiments sont vérita- 
blementtels, il faudra aider l'Escadron à l’exclusion de Bonvis1 
(1) Christine à Azzolino, 9 janvier 
f)