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CONTES D’ANDERSEN.
Pour ses jeux et ses amusements, il avait la côte semée
de jouets à l’infini : des galets rouges comme le corail, jaunes
comme l’ambre, blancs comme des boules de neige, arrondis
et polis comme des œufs d'oiseau. Il y trouvait des squelettes
de poisson, les longs fils blancs des herbes marines séchées
par le vent, mille choses qui attirent le regard et excitent la
réflexion. L'enfant avait l’esprit éveillé ; il était merveilleuse-
ment doué.
Comme il retenait facilement les histoires des anciens
emps et les vieilles chansons, et comme 1l savait les réciter!
Avec des galets et des coquillages il composait de petits
navires et d'autres jolis objets qu’il donnait à sa mère adop-
tive pour orner la maison. Il taillait dans le bois d’un bâton
des figures originales. Tout morceau de musique qu’il enten-
dait, il le répétait d’une voix sonore et vibrante. Il y avait en
lui les cordes les plus nombreuses et les plus riches, qui
peut-être auraient retenti au loin à travers le monde, s’il
n'avait été confiné dans cette hutte, au bord de la mer du
Nord.
Un jour, un autre navire vint à sombrer dans ces parages.
Une caisse remplie des plus rares oignons de tulipe fut poussée
vers la plage. Les braves gens, ne sachant ce que c'était,
firent cuire quelques-uns de ces oignons; ils les trouvèrent
détestables. Le reste demeura sur le sable et pourrit; ils
n’arrivèrent pas à éclore et à s'épanouir dans l’éclat de leurs
magnifiques couleurs. Fn seralt-il de même de Georges?
Était-il destiné à s'étioler loin du climat où il aurait pu
atteindre à tout son développement?
En attendant, il était plein de gaieté et de bonne volonté.
Il ne s’apercevait pas de la monotonie de la vie dans ce recoin
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