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CONTES D’ANDERSEN.
pensaient à bien autre chose qu'à me caresser. « Je vais,
dit Rudy, tout de suite trouver ton père; c’est ainsi que doit
agir un honnête homme. — Veux-tu que j'y aille avec toi? dit
Babette. Ma présence te donnera du courage. — Je ne manque
pas de courage, reprit Rudy; cependant viens toujours, il
faudra que devant toi le père soit aimable, qu'il donne ou
non son consentement. » Sur ce, ils entrent. Rudy en ce
moment me marche très-fort sur la queue. Entre nous, je le
trouve assez gauche de sa personne, cé paysan. Je me mets à
miauler, mais ni lui ni Babette n'avaient d'oreilles pour
m’entendre. Ils ouvrent donc la porte, ils entrent tous deux,
moi en avant. Je saute sur un fauteuil, ne voulant plus m'ex-
poser à recevoir quelque mauvais coup et ne sachant com-
ment Rudy allait se démener. Mais ce fut le meunier qui fit
une furieuse vie! Comme il frappa du pied sur le plancher :
« Détale d’ici, retourne à tes montagnes, à tes chamois! » lui
cria-t-il. Il a raison : que Rudy chasse ce gibier, à la bonne
heure, mais notre petite Babette, point.
— Enfin, qu’est-ce qu’ils dirent? demanda le chat de la
cuisine.
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— Ce qu’ils dirent ? Ce qu’on a coutume de dire quand
on recherche la main d’une jeune fille : « Je l’aime, elle
« m'aime; quand il y a du lait pour un, il y en a aussi pour
deux ; » -et cætera. « Ma fille est trop haut placée pour toi,
« répondit notre maître. Comment penses-tu atteindre au
« bloc d'or sur lequel elle est assise? — Il n’est rien de si
« élevé qu’on n’y puisse parvenir, quand on le veut bien.
« — Il est vraiment enragé ce garçon... Cependant, dit le
« meunier, tu n’as pu l’autre jour arriver jusqu'au jeune
« aiglon, et Babette est encore plus haut. — Je les aurai tous