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NOUVEAUX CONTES DANOIS.
pêcha point d’épouser la princesse. Les enfants applaudirent
avec fracas et crièrent de nouveau : « Une histoire ! encore
une histoire! » Mais le monsieur s’en tint à ce qu’il avait dit.
Le sapin l’avait écouté avec ébahissement. Jamais les oiseaux
dans les bois ne lui avaient parlé de telles choses. « Voilà
donc le cours du monde? se dit-il. Kloumpé-Doumpé était
bien honteux lorsqu’il roula en bas des escaliers, et cepen-
dant il devint plus tard le gendre du roi. Je n’ai donc pas à
me chagriner, si l’on a l’air de me mépriser maintenant;
bientôt je reviendrai aux honneurs. »
Il croyait l’histoire de Kloumpé-Doumpé véritable, tant le
vieux monsieur respectable avait parlé avec une grave
dignité et avait précisé les moindres détails. !l chassa la
mélancolie et se réjouit à la pensée que le lendemain on le
décorerait de nouveau avec des bonbons, des fruits recou-
verts de clinquant, et de gentilles bougies de couleur allu-
mées : « Demain, pensait-il, je ne tremblerai plus, je savou-
rerai avec calme mon bonheur. Peut-être entendrai-je
l’histoire d’Ivède-Avède. » Toute la nuit il resta absorbé dans
ses rêves d’ambition.
Au matin, laquais et servantes entrèrent. « Ah! se dit le
sapin, on vient me parer de nouveau. » Mais pas du tout.
Voilà que les domestiques empoignent le tonneau où il était
fiché, le portent au grenier dans un coin sombre et noir, le
laissent là et s’en vont.
« Qu'est-ce encore? quelles nouvelles vicissitudes vais-je
éprouver? que deviendrai-je? Moi qui commençais à prendre
goût à écouter des histoires, suis-je condamné à ce silence
et à cette solitude? » Ainsi se plaignait le sapin en se rappe-
lant les divers incidents de sa courte gloire. Les jours, les
auits se passèrent sans rien changer à la situation. Enfin la