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LE CAMARADE DE VOYAGER. 11
jambe avec un peu d’onguent, pas plus gros qu’une tête
d'épingle. La vieille se leva aussitôt, et se mit à marcher
d'un pas plus ferme
qu'auparavant. Certes
ce n’était pas un apo-
thicaire qui avait com-
posé cet onguent-là.
« Que veux-tu donc
faire de ces baguettes?
demanda Jean à son
compagnon.
— Ce sont de gentils petits balais, répondit l’autre. Ils
me plaisent, je ne sais trop pourquoi. Tu verras, du reste,
que je suis parfois plein de bizarrerie: il faut s’y accou-
lumer. »
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Ils continuèrent leur route et firent un bon bout de che-
min : « Vois donc, dit Jean, comme le ciel se couvre, quels
énormes nuages il y a là-bas à l'horizon.
— Ce ne sont pas des nuages, dit l’autre, ce sont des
montagnes, mais des montagnes plus hautes que tu n’en as
jamais vu. Quand on en gravit les sommets, on laisse les
nuées au-dessous de soi et l’on se trouve dans l'atmosphère
la plus sereine et la plus délicieuse. Et quelle vue magni-
fique! tu verras de là-haut tout le pays que nous avons tra-
versé, »
Il fallut une journée pour atteindre au pied de ces mon-
lagnes, qui ne paraissaient pas être à plus d’une lieue de
distance. En approchant, ils distinguaient les noires forêts de
sapins touchant aux nuages et les blocs de pierre plus vastes
que des cathédrales. Il ne devait pas être facile de franchir
tout cela. Aussi Jean et son camarade entrèrent-ils à l’au-