302 NOUVEAUX CONTES DANOIS.
lage sombre, quel éclat de lumière, quel rouge magnifique!
Et la femme du tambour regarda le ciel tout empourpré,
elle crut voir Dieu face à face. Et elle réfléchit profondément,
pensant au petit enfant que la cigogne devait lui apporter,
Comme cette idée la rendait joyeuse! et les yeux toujours
fixés sur l’horizon doré, elle se mit à souhaiter que l'enfant
sût quelque chose de cet éclat du soleil ou qu'il ressemblât
au moins à un de ces anges brillants du bel autel neuf.
Et lorsqu’elle tint réellement le petit dans ses bras et
qu’elle le présenta au père, l’enfant était tout pareil à un
des anges de l’église. Ses cheveux reluisaient comme de l'or,
l’éclat du soleil couchant y brillait.
« Mon trésor doré, mon tout, mon soleil, » s’écria la
mère, en baisant les boucles aux reflets luisants. Et ces
accents de joie retentissaient dans la chambre du tambour
comme une musique. Que de gaieté, de vie, de mouvement!
Le père frappa un roulement sur le tambour avec lequel il
annonçait les incendies : mais cette fois c'était un roulement
joyeux.
Le tambour ronflait, ronflait.
« Rataplan, disait-il, rataplan. Des cheveux roux! le petit
a des cheveux roux! Croyez la peau du tambour, et non ce
Tue dit sa mère. Rataplan, rataplan! »
Et la ville, en effet, dit comme disait le tambour qui lui
annoncait les incendies.
Le petit garçon fut porté à l’église, le petit garçon fut
baptisé. Il n’y a pas grand’chose à dire du nom qu’on lui