LA PAQUERETTE.
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sa vie. Elle ne fit aucune attention au temps splendide qu’il
faisait, à la joie qui régnait autour d’elle dans la nature.
Elle“ne pensait qu’à soulager le chagrin de la pauvre prison-
nière : mais elle ne voyait aucun moyen, et elle s’en désolait.
Tout à coup apparaissent deux jeunes garçons qui venaient
de sortir du jardin : l’un tenait un couteau aussi grand et
aussi tranchant que celui avec lequel la jeune fille avait
coupé les tulipes. Ils arrivent droit sur la pâquerette, qui ne
pouvait comprendre ce qu'ils voulaient.
« Tiens, dit l’un d’eux, voilà une belle touffe de gazon,
que je m’en vais enlever pour l’alouette! » Et il se mit à
faire dans la terre une entaille en carré, tout autour de la
pâquerette, qui resta au milieu.
« Arrache donc cette fleur ! » dit l’autre gamin. Et la pauvre
pâquerette trembla d'angoisse, non pas tant de ce qu’elle
était menacée de perdre la vie; mais elle venait d’entrevoir
la possibilité d'arriver auprès de la prisonnière, et voilà que
son espoir devait être aussitôt décu.