NOUVEAUX CONTES DANOIS.
l’ouverture de la grotte, puis un autre, et plusieurs encore ;
ils aboyaient avec rage, ils repartirent ensuite pour revenir
bientôt suivis de tous les chasseurs; le plus beau entre tous
ces chasseurs était le roi du pays.
Il s’avança vers Élisa; jamais il n’avait vu de plus gra-
cieuse, de plus ravissante jeune fille. « Comment es-tu venue
ici dans cette solitude, ange de beauté? » dit-il. Elle secoua
la tête; elle ne devait pas proférer une parole; il s'agissait
du salut et de la vie de ses frères. Elle cacha ses mains sous
son tablier, pour que le roi ne vit pas dans quel piteux état
elles étaient.
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« Viens avec nous, reprit-il. Ce n’est pas ici ta place. Si
lu es aussi bonne que charmante, je te ferai donner des vête-
ments de soie et de velours, et je te mettrai sur la tête une
couronne d'or. Tu deviendras la reine de ce beau pays, et tu
irôneras à côté de moi dans mon palais. »
Il la prit doucement et la plaça sur son cheval. Elle
pleurait, le regardait, tordait ses mains en suppliante ; mais
le roi dit : « Je ne veux que ton bonheur; un jour tu me
remercieras. » Et puis il sauta à cheval, et, la tenant devant
lui, il s’en retourna avec toute la chasse vers sa résidence.
À la soirée tombante, la capitale du royaume avec ses
centaines de tours, de dômes et de temples, leur apparut. Le
roi entra dans la cour de son vaste château; il descendit de
cheval la jeune fille et la conduisit à travers des salles de
marbre tenues toujours fraîches par des fontaines et des jets
d’eau, et dont les murailles étaient décorées des plus splen-
dides mosaïques. Elle ne regardait rien ; la richesse des appar-
tements qu'on lui donna la laissa insensible ; elle continuait
à pleurer, à se désoler. Sans faire de résistance, indifférente
à tout, elle se laissa revêtir, par des demoiselles d'honneur.